Cru Lamouroux


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Extrait du journal SUD-OUEST le jeudi 10 décembre 1998

Portrait

Il a l'air jovial du Béarnais et derrière son regard bleu, nul ne pourrait imaginer qu'il arrive du nord de la France et que ses origines sont polonaises.

Et pourtant, Richard Ziemeck, comme son nom l'indique, est bien un Béarnais d'adoption, un autodidacte du vin qui a pris le virus du Jurançon, après avoir épousé une brune Béarnaise, élevée sur les riches coteaux de l'appellation.

Cinq générations se sont ainsi succédé au Cru Lamouroux, c'est dire si le nouveau venu a dû immédiatement s'imprégner de la culture familiale.

Il n'eut guère de mal apparemment et c'est avec le patriarche de la maison qu'il fit ses premières armes. " J'ai appris sur le tas, dans la vigne et dans le chai et non au tableau noir ". L'élève s'avéra bon, sans nul doute, et lorsque le professeur décida de le laisser voler de ses propres ailes, les résultats furent au rendez-vous.

De 2 hectares et demi, la propriété passa à 11 hectares avec l'achat du Clos Mirabel, les installations se modernisèrent et le couple Ziemeck s'investit totalement au point d'en oublier presque de vivre autrement qu'à travers la vigne et le vin.

Une dure existence de labeur pendant des années et c'est le constat sans appel. A quoi sert-il de travailler autant ? Ils ne profitent de rien, ne voit pas leur fils grandir… La décision est prise. Ils décident de louer des terres et ne conservent que six hectares à travailler.

Aujourd'hui, ils ne regrettent rien et savourent cette nouvelle qualité de vie, dans un cadre enchanteur, sur le faîte d'un vallon au fond duquel se croisent de façon spectaculaires toutes les arêtes des autres coteaux, sur fond de Pyrenées à 180°. Une merveille !

Tradition

Dans cet écrin, les six hectares sont essentiellement plantés de petit manseng sur de superbes terrasses en amphithéâtre ou sur de fortes pentes de 22 à 45%, en hautain de 2,60 mètres de haut, taillé en guyot double avec une vingtaine d'yeux sur chaque pied.

Le raisin est ramassé, dans des vignes travaillées avec soin (désherbées avec des exfoliants plutôt que des systémiques, bonifiées avec une fumure à base d'humus, effeuillées souvent, etc.) par tries successives vers le 30 octobre pour le sec et après le 15 novembre pour le moelleux jusqu'à Noël.

On l'a compris, notre homme est plus que circonspect lorsqu'on lui parle de techniques récentes. Le bois neuf, il n'aime pas et considère que c'est un mode qui annihile trop souvent le véritable goût du raisin. Le vin biologique, même réaction, même s'il fait attention à ne pas utiliser de produits trop toxiques. Les salons pour commercialiser ses produits, il n'en fait pas et préfère développer un clientèle fidèle par le bouche à oreille, etc. Atypique, notre viticulteur ? Sans nul doute.

Et attaché à une certaine typicité, au travail réalisé par la main de l'homme et à celui de Dame Nature : " Lorsque vous offrez un bouteille de chez moi, vous êtes sur d'être original… " Des bouteilles, il en sort 25 000 par an, commercialisées à la propriété, par expédition dans toute la France ou dans des épiceries fines, telles que Fauchon ou Hédiart à Paris.

Elles sont au nombre de trois : un sec et deux moelleux. Le cru Lamouroux et une sélection spéciale en souvenir de ses beaux parents, la Cuvée Amélie-Jean et toutes – originalité – sont capsulées de cire. Et bientôt, le fiston, qui semble avoir de belles dispositions, risque fort de révéler la sixième génération !

Notre appréciation

De pur petit manseng, récolté en surmaturation, par tries successives, très tard dans la saison, ce beau vin de garde, un peu "  fermé " jeune, explose réellement à 8 ou 10 ans. Au nez et en bouche, le fruit exotique est immédiatement présent, il est charmeur et tapisse le palais par étapes successives, ave une rondeur étonnante et une rétroactive d'une longueur surprenante.

Son souvenir reste longtemps en bouche. Un séducteur qui n'a pas fini de séduire, surtout si vous le laissez un peu dans votre cave ! A recommander au moment de fêtes avec un fois gras…

Michèle LATOUR - Sud-Ouest - jeudi 10 décembre 1998